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« La forêt est capable de se régénérer » : la réserve naturelle de la forêt de la Massane reverdit après la sécheresse
En cette fin de mois de juillet, on entend de l'allégresse dans la voix de Diane Sorel, la directrice de
la réserve naturelle de la Massane
, sur les hauteurs d'Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales). Les pluies enregistrées sur les six premiers mois de l'année 2025 ont redonné ici de la vie et de la vigueur aux arbres et de la joie à ceux qui les observent.
« Même Joseph Garrigue, lui-même observateur de la hêtraie pendant 35 ans, n'en revient pas », s'enthousiasme la conservatrice, qui dirige la réserve naturelle depuis trois ans. « La forêt a repris une vigoureuse vie grâce au rechargement des nappes. De plus de nombreuses journées de pluies de faible intensité ont permis d'humecter le sol, d'alimenter la dizaine de petits affluents de la Massane sans effet de ravinement. Depuis cette année, on note le développement des jeunes arbres, qui sont protégés d'un ensoleillement trop fort par le développement des ronciers. Tout cela est très positif. »
Sur les six premiers mois de l'année, elle estime que la réserve a reçu en moyenne un peu plus de 600 mm, soit un retour à la normale saisonnière, qui s'établit à 1 200 mm sur un an. En 2023, année critique d'anomalie,
au pire de la crise climatique
, le cumul des précipitations s'établissait à 580 mm, seuil critique.
« On voit que la forêt, cette hêtraie remarquable, est capable de se régénérer lorsque les précipitations sont redevenues normales dans cette zone de 330 ha, dont plus des deux tiers sont en évolution libre ici depuis 150 ans », poursuit Diane Dorel. « Nous n'intervenons pas. Nous ne faisons qu'observer ce qui se passe, comme les pertes de branche ou la mort des vieux arbres. La sélection naturelle s'opère auprès d'une population très diversifiée mais très résistante au milieu naturel. Et là, on s'aperçoit que les vieilles forêts en évolution naturelle, deviennent alors de jeunes forêts avec de jeunes arbres qui trouvent leurs places dans les trouées. »
La leçon ne vaut pas que pour la Massane, remarque d'ailleurs la conservatrice : les mêmes observations sont réalisées dans deux autres forêts en évolution libre de France,
au Grand Ventron
, dans les Vosges, et dans les hautes Alpes, au bois du Chapitre. Diane Sorel vante les mérites de cette évolution libre qui promet une population diversifiée des arbres, à l'inverse des plantations.
Ce laboratoire à ciel ouvert et sans limite temporelle fixée porte ainsi ses fruits sur les hauteurs du massif des Albères, à la frontière franco-espagnole, principalement sur les hauteurs d'Argelès-sur-Mer et de Sorède. C'est un espace de ressourcement et de randonnée dans la périphérie pour prés de 50 000 marcheurs chaque année.
Le sujet sera évoqué plus en détail
au festival Bioviv'art d'Alénya
(Pyrénées-Orientales), qui ouvre ce vendredi 25 juillet 2025 et dure jusqu'à dimanche. Son édition 2025 a en effet pour thème « Renouer avec le sauvage », et propose sur ces trois jours des spectacles, conférences et ateliers. Ce dimanche 27 juillet à 17h30, Marine Calmet, juriste en droit de l'environnement, et Diane Sorel y donneront une conférence intitulée « Comment préserver et défendre la nature ». Avec la forêt de la Massane comme piste de réponse.